Bastamag vom 29.3.2019 bringt einen Report über die Räumungen von Camps, die in Calais in der Nähe verschiedener Industriezonen entstehen – 238 allein in den letzten drei Monaten.

La « Jungle » de Calais a laissé place ces derniers mois à des campements éparpillés aux marges de la ville, qui continuent de subir une politique de harcèlement et d’expulsions incessants. « Chaque campement est expulsé, réoccupé, puis à nouveau expulsé, toutes les 48 heures environ, témoigne le collectif Human Rights Observers. Ces opérations visent à exténuer les exilés en leur imposant une présence policière démesurée, avec la menace constante de perdre leurs effets personnels ou d’être placés en rétention. » Entre le 1er janvier et le 26 mars, l’organisation recense déjà 238 expulsions de campements. […]

Campements éparpillés à travers Calais

Depuis lors, la présence des exilés à Calais est marquée par une certaine invisibilité, à l’inverse de la grande Jungle dont les images avaient fait le tour du monde. Rejetée aux marges de la ville, leur présence a été sans cesse mise au ban par l’acharnement de politiques urbaines hostiles. Se sont ainsi formés des campements éparpillés à travers les zones industrielles. Parmi ceux-ci, le camp de la rue des Verrotières était le plus important et existait depuis près de deux ans. Situé à l’est du centre-ville, ce terrain était habité par diverses communautés. En novembre dernier, le Refugee Info Bus a recensé environ 300 individus de 18 nationalités différentes, dont un grand nombre d’Iraniens, de Soudanais, d’Afghans et d’Éthiopiens. Parmi eux se trouvaient également de nombreux mineurs.

Le 9 mars, un panneau a été placé sur chacune des deux rues qui bordent le terrain des Verrotières. Une « requête aux fins d’expulsion » qui ordonne « à toute personne occupant les lieux visés de rendre libre de leurs personnes et de leurs biens ainsi que tous occupants de leur chef, les parcelles cadastrées BO 50, BT 269 et BT 272 ». Des bénévoles présents sur le terrain ont dû traduire ce texte abscon aux habitants du campement, en les informant que celui-ci allait être clôturé de façon imminente, bien que le panneau n’indiquait aucune date précise. L’avis d’expulsion indiquait que des solutions d’hébergement allaient être proposées, sans plus de précisions. […]

En trois mois, 238 expulsions de campements

Chaque campement est ainsi expulsé, réoccupé, puis à nouveau expulsé, toutes les 48 heures environ. Ces opérations ne visent pas à expulser les occupants de façon permanente. C’est plutôt une manière d’exténuer les communautés d’exilés en leur imposant tous les deux jours une présence policière démesurée, avec la menace constante de perdre leurs effets personnels ou d’être placé en rétention. Cette approche remonte au mois d’août 2018 et semble inébranlable depuis. Des expulsions ont même eu lieu le jour de Noël. Entre le 1er janvier et le 26 mars 2019, nous avons recensé pas moins de 238 expulsions de campements. Lorsque nous les interrogeons sur le fondement juridique de ces opérations, les autorités présentes se gardent généralement de tout commentaire.

Ce mercredi 20 mars, un autre avis d’expulsion a été affiché rue des Huttes, à proximité d’un campement où certains exilés venaient tout juste de s’installer après avoir été expulsés du campement des Verrotières. Ce terrain sera également clôturé, le rendant inaccessible. Encore une fois, la date de l’expulsion n’est pas précisée, et les habitants se demandent que faire. Pendant ce temps, les expulsions de routine se poursuivent, et les grilles et barbelés continuent de balafrer la ville. La perspective d’un accueil humain et digne des exilés s’amenuise, mais leur présence demeure. Plus que jamais, nous rappelons le droit de toute personne se trouvant sur le territoire national au respect de leur habitat, même précaire, et demandons à ce que celui-ci soit intégralement respecté, à Calais comme ailleurs.

À Calais, « les expulsions se poursuivent, grilles et barbelés continuent de balafrer la ville »